mardi 29 juillet 2008

Prise de position

Par Collectif des Etudiants en Audiovisuel





Ca y est ! Après six mois de discussions, inquiétudes, claquage de portes, opposition, Nicolas Sarkozy a, tel un empereur romain levant ou baissant le pouce, scellé le sort de l’audiovisuel public en retenant des pistes s’écartant sensiblement des préconisations du rapport de la commission Copé. Les choses sont désormais claires. Sur le plan financier, le manque à gagner engendré par la suppression de lapublicité à partir de 20h sur les chaînes publiques sera compensé par une taxe sur les FAI et les opérateurs de télécom ainsi que sur les chaînes privées. Sur le plan de la gouvernance, le PDG de France Télévisions sera nommé par l’exécutif après avis conforme du CSA et avec possibilité de censure par un vote du parlement à la majorité des 3/4. Sur le plan de la ligne éditoriale, il s’agit de confirmer le virage opéré par France Télévisions sous la présidence Carolis.



Il ne fait aucun doute aujourd’hui que cette réforme fera date. Voilà pourquoi, en tant qu’étudiants en audiovisuel attachés au service public et à ses valeurs, il nous paraît essentiel de réfléchir, de critiquer et de proposer aujourd’hui.


Nerf de la guerre, le financement. Où est passée la proposition de la commission Copé d’indexer laredevance sur l’inflation ? Si l’on peut discuter de l’opportunité politique d’augmenter la redevance, son indexation sur l’inflation est une nécessité absolue. Sans cette mesure, France Télévisions devra financer à budget constant des programmes dont les coûts, eux, augmentent avec l’inflation. C’est la paupérisation assurée de l’audiovisuel public. Faire dépendre le dynamisme de son financement du produit de la nouvelle taxe sur les FAI, les opérateurs télécom et les télévisions privées revient à le soumettre aux aléas économiques de l’activité de ses concurrents. Que se passera t-il si le cercle vertueux espéré n’est pas au rendez vous ?

Garant de l’indépendance du service public : sa gouvernance. Alors que la commission Copé proposait un mécanisme de nomination de ses dirigeants certes complexe mais fruit de la négociation entre les différents acteurs de la filière, voilà que Nicolas Sarkozy annonce leur nomination directe par l’exécutif c'est-à-dire… lui-même ! Quant au CSA et au parlement, censés jouer le rôle de garde-fous, ils apparaissent comme des contre-pouvoirs bien proches du pouvoir… Si cette annonce tient de l’écran de fumée destiné à reléguer la question du financement au second plan, il faut garder à l’esprit qu’une réforme qui libèrerait France Télévisions de la pression des annonceurs pour la remplacer par la pression du pouvoir politique serait inutile et dangereuse. La crédibilité du service public en matière d’indépendance serait durablement mise à mal. Puisque le benchmarking est à la mode, pourquoi ne pas s’inspirer du modèle de gouvernance de la BBC qui fait référence en matière d’indépendance ?


Identité du service public : sa ligne éditoriale. Nicolas Sarkozy dit vouloir encourager et renforcer le virage éditorial amorcé sous la présidence Carolis évoquant la musique et « au théâtre ce soir » au nom du « mieux disant culturel » et de la « vocation à l’excellence ». Certes, tout ceci a sa place sur France Télévisions. Toutefois, la culture à la télévision ne peut se limiter à la culture dite cultivée, à la culturelégitime. La culture française d’aujourd’hui est métissée, diverse. C’est Maupassant mais c’est aussi Faïza Guène. Pourquoi a t-on l’impression que la diversité de la société française n’est pas assez visible sur les antennes du service public ? Représenter la France dans sa diversité ne doit pas être une obsession mais faire l’objet d’une attention particulière, d’une préoccupation permanente de la part de France Télévisions. C’est une des clés du renouvellement de son audience aujourd’hui vieillissante.


Nicolas Sarkozy a également parlé de France4 comme de « la chaîne des nouvelles générations ».
Qu’il soit pris au mot et qu’elle le devienne vraiment ! Il y a aujourd’hui une nouvelle génération formée aux métiers de l’audiovisuel consciente des mutations économiques et artistiques en cours qui se sent capable de proposer des programmes renouvelés. France 4 par le biais d’une politique volontariste pourrait en partenariat avec des sociétés de production établies leur donner une chance de faire leurs preuves…

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