jeudi 17 juillet 2008

Une réforme pas très sport ?!

Par B.L., membre du CEAV






Avec le virage éditorial pris avec la nomination de Patrick de Carolis en 2005 qui consistait à offrir des programmes de qualité au plus grand nombre, la stratégie éditoriale de France Télévisions s’est articulée autour de quatre pôles : la culture, la création, l’information, et le sport.


Ce dernier représente jusqu’à présent, pour France Télévisions, plus de 1000 heures de programmes diffusées chaque année, dont 730 en direct. Le groupe couvre de très grands évènements sportifs comme Le Tour de France, Roland Garros, ou le Tournoi des Six Nations de rugby. Même si ces sports ne peuvent concurrencer le football qui reste aujourd’hui le sport le plus recherché à la diffusion, car le plus générateur d’audience, il n’en reste pas moins que France Télévisions met à disposition des téléspectateurs quelques unes des compétitions majeures des sports les plus populaires (Rugby, Tennis, et même football avec les coupes nationales françaises). Le service public permet aussi à environ 80 disciplines qui ne sont pas diffusées ailleurs de pouvoir être représentées, notamment celles à ancrage local (comme la pétanque, ou les sports nautiques…), ou moins médiatisées (comme le handball, le tennis de table, le basket…).


Mais à l’heure d’un renouveau de la télévision publique où la culture « d’état » serait privilégiée à la demande du public, il apparaît nécessaire de rappeler que le sport, même télévisé, prône des valeurs culturelles, sociales, et de solidarité. En marge de ces valeurs, ces grands évènements sportifs amènent un public très large (29% de part d’audience pour la première étape du tour 2008), et sont générateurs d’image pour France Télévisions. Pouvoir continuer à diffuse ses sports est donc très important pour le service public pour continuer d’exister face aux grands groupes privés.


Seulement, avec le futur (sous) financement de la télévision publique (environ – 400 millions d’€), le football, qui reste le sport le plus fédérateur, pourrait totalement disparaître des grilles de programmation. En effet, le magazine France 2 foot, qui retransmettait les résumés des journées de Ligue 1 et 2, n’aura existé qu’une seule saison, faute de moyens. Seules les deux coupes nationales continueront à être diffusées (jusqu’en 2010 pour la coupe de France, et 2009 pour la coupe de la Ligue). Au vu des chiffres pratiqués et du sous financement annoncé de France Télévisions, celui-ci ne pourra pas tenter de concurrencer TF1, Canal Plus, voire même M6 pour l’achat des droits TV de Ligue 1 (environ 600 millions d’€ par saison). Tour cela sans parler d’Orange. Plus préoccupant, même des sports comme le rugby vont avoir du mal à rester à l’antenne du service public. En effet, France Télévisions a dû regarder la précédente coupe du monde de Rugby sur TF1, alors que depuis toujours elle diffusait les matchs du tournoi des cinq, puis six nations. Aujourd’hui celui-ci coûte environ 20 million d’€, mais le rugby va prendre de plus en plus de place : « puisqu’il y a 10 ans, il coutait six fois moins cher », note la Ligue Nationale de Rugby.


Il est primordial de lier à l’avenir du service public la possibilité de rivaliser avec les plus gros sur le terrain de la diffusion de masse qu’est sport et cela pour deux raisons : la première, permettre à tout un chacun, sur une chaîne dite publique et généraliste, d’accéder aux sports les plus populaires ; la seconde, de pouvoir permettre au service public d’avoir une de ses chaînes capable d’exister, en terme d’audience, par rapport aux chaînes privées.

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